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Jean Edelbluth, passeur de couleurs

Après avoir étudié les Arts Décoratifs à Strasbourg de 2006 à 2009, Jean Edelbluth poursuit son envol en quête d’une peinture où le réel se laisse sublimer par des formes et des couleurs vivantes, expressives.

La vision du monde que Jean Edelbluth propose dans ses œuvres est celle d’un monde où joie et rêve s’entremêlent avec sensibilité et justesse. Géométrie et couleurs semblent échanger un langage propre faisant résonner de façon sous-jacente la voix de l’artiste : une voix empreinte de poésie.

Représentatif de cette jeune génération d’artistes français, Jean Edelbluth cherche à apporter un souffle nouveau à l’art abstrait et minimaliste. Doté d’une sensibilité presque spirituelle, Jean Edelbluth cherche à emplir la totalité de la conscience du spectateur d’une sensation de joie profonde. Joie, lumière et rythme se confondent ainsi continuellement dans les peintures et les collages de Jean Edelbluth faisant de ses créations des œuvres en perpétuel mouvement.

Jean Edelbluth est un véritable passeur de couleurs dont le talent artistique ne cesse d’éclore avec le temps. Lors de la Foire d’Art Contemporain Art’ Up 2016 qui se tiendra à Lille du 24 février au 28 février prochains, Jean Edelbluth sera représenté par la Galerie Nord : une occasion unique pour contempler et s’approprier les œuvres de cet artiste à suivre de près au cours des prochaines années.

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1. Vous considérez-vous comme une figure émergente de l’art contemporain ?

Jean Edelbluth : Il me semble que ce qui importe est d’être à sa place plutôt que de se faire une place. L’émergence est une notion essentielle à mon travail artistique, et mes recherches intègrent des notions comme l’éveil, le rythme ou encore la sûre impression que l’art doit procéder de la joie plus que tout autre ambition.

Ceci étant dit, si par mon travail je peux séduire des yeux non avertis alors j’aurai gagné le pari de réconcilier une forme de vie proche de l’art contemporain. Parce que je ne souhaite pas distancer la réalité, mais l’embrasser.

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2. Comment définiriez-vous votre style ?

Jean Edelbluth : Je peux dire que mon attrait pour l’abstraction géométrique et le minimalisme domine ma démarche. En outre, j’ai de nombreux résidus impressionnistes à prendre en compte. A titre d’exemple, la lumière et son impact dans l’instant ! C’est une entreprise perdue d’avance que de vouloir la cerner : il faut peut-être accompagner son mouvement de célébration des choses, des objets ou des situations qu’elle inonde. En fait il s’agit de l’expression d’une stature essentiellement. Et la joie, toujours la joie.

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3. Racontez-nous votre parcours…

Jean Edelbluth : J’ai toujours aimé regarder les paysages, j’ai grandi à la campagne et le découpage des champs est imprimé en moi. Après mon parcours aux Arts Décoratifs de Strasbourg (peut-être trop tôt pour y développer un chemin singulier), j’ai continué à dessiner un moment, en prenant soin d’éviter la peinture qui m’intimidait et m’attirait à la fois. Comment l’aborder ? Le collage est une porte d’entrée vers ce qui semble aujourd’hui faire peinture pour moi : construire un phrasé de lignes et de formes qui appellent à la contemplation. Alors les champs colorés reviennent sur la toile.

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4. Quels mouvements artistiques ont été déterminants dans votre vocation d’artiste ?

Jean Edelbluth : Je me souviens d’une exposition de Cy Twombly à la Tate où je me suis senti submergé d’émotion face aux colosses que sont ses toiles. L’expressionnisme abstrait m’a permis de réaliser mon besoin de peindre, avec Joan Mitchell notamment. Il y a aussi la stimulante découverte d’une artiste alsacienne, Marcelle Cahn, dont l’œuvre proche du purisme au début puis très personnelle ensuite avec ses gommettes m’inspire beaucoup. Agnes Martin, enfin, ses écrits tout autant que son œuvre peinte se sont imposés à moi pour me conforter dans mes recherches.

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5. Quelles missions attribuez-vous à la peinture de nos jours ?

Jean Edelbluth : La peinture est un outil formidablement flou, elle prolonge toute forme de rêve et de désir. Elle est le terrain de jeu idéal pour élaborer une vision du monde ou à l’inverse s’en départir. L’acte de peindre aujourd’hui est à rapprocher d’un travail éditorial : la peinture c’est la poésie du geste soucieux de vérité.

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6. Comment nourrissez-vous votre imaginaire ?

Jean Edelbluth : Nous avons tous besoin d’installer des paysages intérieurs pour y faire demeurer nos émotions. Mais c’est une construction lente qui ne garde que l’essentiel. La joie par exemple pour moi. Et de fait nous cherchons un ancrage spirituel. Aussi je peux dire que les Psaumes sont une nourriture simple et complète pour faire grandir un paysage intérieur. Lisez ça dans le livre d’Esaïe: « Je ne bouge pas et je contemple, immobile comme la chaleur des blancs rayons de lumière. » Tout un programme !

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7. En quoi consiste vos collages cinétiques ?

Jean Edelbluth : Tout d’abord il y a la matière première, le carton découpé sur des boîtes à chaussures de couleur : j’aime l’idée de composer avec ce qui passe sous la main. Quelque chose de familier et de chaleureux se dégage du carton considéré comme pauvre. Ensuite, c’est surtout un jeu de combinaison des couleurs, la couleur a autant de valeur que la forme : et le rythme allant de soi se propage. Je les regarde comme des invitations à se réjouir avec peu.

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8. Vos œuvres pourraient-elles être considérées comme un langage en soi ?

Jean Edelbluth : C’est intéressant d’évoquer la forme en terme de langage, d’autant plus que la poésie tient une part prépondérante dans mon appréhension du réel. Chaque artiste a son vocabulaire, le mien est à considérer dans sa stature, son envergure et sa résonance hors-cadre.

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9. Comment travaillez-vous la couleur ?

Jean Edelbluth : La couleur est un allié pour s’attaquer au réel. Je travaille avec de la peinture acrylique en privilégiant les tons pâles, toujours agrémentés de blanc, comme pour faire ressortir la notion d’effacement. J’aime la superposition des couches de couleurs, sans qu’elles s’imposent au regard, mais puissent l’accompagner doucement.

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10. Quels autres domaines artistiques influencent votre travail ?

Jean Edelbluth : La littérature avec la force d’évocation de Virginia Woolf ou le charme de l’errance chez Françoise Sagan. La poésie avec la déconstruction de E.E. Cummings visuelle et joyeuse ; le chant spirituel de De Dadelsen ou le contentement d’un Roland Reutenauer, poètes alsaciens. La musique tout autant me poursuit et l’œuvre de Philip Glass n’est jamais à court de me surprendre.

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11. Quel regard portez-vous sur l’œuvre de Sonia et Robert Delaunay ?

Jean Edelbluth : Je sais que le rythme et la joie sont au cœur de leurs travaux, mais à période équivalente, je me sens plus proche de l’œuvre de Hans Arp. Cependant les motifs de Sonia Delaunay créés pour le textile sont inspirants dans l’association des couleurs entre autre. J’aime l’idée que dans l’histoire de la peinture cette artiste a traité sur une même échelle de valeur la couleur dans un cadre et la couleur encadrant le corps.

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12. Quels sont vos projets à venir ?

Jean Edelbluth : Continuer à peindre puisque je n’en suis qu’au début de ma recherche. Et trouver un atelier plus lumineux aussi ! Je me suis récemment intéressé au travail d’une artiste allemande, Hanne Darboven, la question du temps et de son inscription me parle. Je voudrais aussi intégrer le thème d’Orphée dans une prochaine série d’œuvres. Et découvrir la Provence, encore un beau projet en vu !

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En savoir plus sur Jean Edelbluth

http://www.jeanedelbluth.blogspot.com

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